Chaque année, nous nous réunissons en novembre pour célébrer le Mois de la sensibilisation aux personnes trans. C’est l’occasion de rendre hommage aux communautés trans et de sensibiliser les gens aux expériences et aux défis rencontrés par les personnes trans et non binaires. Le point culminant de cet événement est la Journée du souvenir trans. Tenue le 20 novembre, elle nous invite à commémorer les vies perdues en raison de la violence anti-trans.

Cette année, nous cherchons à répondre à une question essentielle : comment aller au-delà de la sensibilisation? En tant que prestataires de soins de santé, nous devons adopter une vision qui dépasse la simple visibilité et aborder le fossé entre la représentation et les réalités quotidiennes auxquelles sont confrontées les communautés trans.

Le fossé entre visibilité et sécurité

Dans un article publié dans le magazine them, Kai Cheng Thom parle de ce fossé avec une lucidité poignante :

« Le nombre de personnes trans à la télévision n’a jamais été aussi élevé, mais le taux de sans-abrisme et de suicide chez les jeunes trans reste disproportionné. La visibilité des personnes trans a augmenté de manière exponentielle, mais la discrimination et les lois anti-trans demeurent des réalités courantes. Les droits des personnes trans sont de plus en plus souvent débattus dans les grands médias, mais les femmes trans noires, racisées et travailleuses du sexe continuent d’être régulièrement agressées et assassinées. »

Cette citation met en évidence une réalité difficile : la sensibilisation et la représentation n’ont pas, à elles seules, apporté la sécurité aux segments les plus vulnérables de la communauté trans.

Les données doivent inciter à l’action

Ce décalage se manifeste également dans notre système de santé. Des données provenant du Canada confirment la nécessité d’un changement systémique urgent :

  • Le projet Trans PULSE a révélé qu’entre 40 et 45 % des personnes trans interrogées avaient de faibles revenus et des besoins de santé non satisfaits;
  • Des études indiquent que plus de la moitié des personnes trans participantes ont vécu des expériences négatives au sein du système de santé, qu’un tiers d’entre elles n’ont pas reçu l’aide nécessaire et que les longs temps d’attente sont chose courante;
  • Au-delà de la discrimination, le manque de formation médicale concernant les réalités des personnes trans a été identifié comme un obstacle significatif à la fourniture de soins compétents.

Ces résultats confirment que la visibilité seule ne suffit pas. Pour de nombreuses personnes trans, les systèmes qui sont censés leur fournir des soins continuent d’être source de défis.

De la sensibilisation à l’action

L’analyse de Thom nous invite à dépasser le stade de la compréhension passive. Elle précise que « les politiques de représentation semblent avoir peu contribué à améliorer le quotidien des personnes trans ».

Pour les prestataires, il s’agit d’un appel direct à l’action. Cela nous rappelle que notre travail doit s’articuler autour d’un soutien tangible et d’un plaidoyer systémique. Nous avons le devoir de prôner des politiques et des pratiques qui garantissent la sécurité et la dignité : des protections juridiques solides, un accès sans entrave aux soins d’affirmation de genre, et des services adaptés à la culture, dont la nécessité criante est attestée par les données disponibles.

À l’occasion du Mois de la sensibilisation aux personnes trans, nous vous invitons à agir à nos côtés pour que les efforts de sensibilisation conduisent à des changements concrets. Engageons-nous à poursuivre nos efforts pour bâtir un monde où l’ensemble des personnes trans et issues de la diversité de genre peuvent non seulement survivre, mais aussi s’épanouir.